Test : guitare DIAMOND HALCYON ZB-FR Signature Zoltan Bathory

Si vous ne connaissez pas encore le groupe "Five Fingers Death Punch" (ou en raccourci "5FDP" pour les fans), sachez qu'ils prodiguent un bon métal à la sauce américaine. Bien que célèbres chez eux, ils ont une réputation honorable en France, mais pas aussi grande qu'ailleurs.

Donc on se retrouve tous aujourd'hui pour tester le modèle signature de leur guitariste rythmique Zoltan BATHORY, facilement identifiable dans le groupe grâce à ses dreadlocks.

La vidéo du clip "LIFT ME UP" où chante aussi Rob HALFORD...

NAISSANCE DIFFICILE...

Il y a des collaborations faciles qui aboutissent très vite, et qui ont beaucoup de succès rapidement... Et d'autres qui semblent avoir été finies dans la douleur avec des forceps... C'est un peu l'histoire que je vais vous raconter ici pour comprendre comment tout a commencé, et comment on en est arrivés là...

Tout commence lorsque la bande de Zoltan commence à avoir un petit succès. Zoltan se fait vite endorser par BC RICH en employant des super-strat' modèles ASSASSIN.

Puis par la suite, Zoltan a eu droit à son premier modèle signature, toujours chez BC RICH...

Très sympa, le modèle a été décliné en 2 versions : une avec un corps en acajou, puis un autre avec un corps en tilleul de moins bonne qualité...

Zoltan se fait alors démarcher par Dean ZELINSKY, boss des guitares DEAN ( où il y a déjà des modèles signatures comme Dimebag DARRELL, Dave MUSTAINE, Mickael ANGELO BATIO, Mickael AMMOTT, etc...).

Intéressé, Zoltan quitte BC RICH et rejoint l'écurie de DEAN avec un nouveau modèle signature, mais qui n'a pas fait long feu. Pourquoi? La réponse au prochain paragraphe...

La DEAN signature Zoltan BATHORY, dont l'existence a été éphémère...

Le prototype sur lequel a joué Zoltan était un peu différent de la version commercialisée

SANTA BARBARA...

L'histoire devient alors un peu compliquée... et elle est étroitement liée au créateur des guitares DEAN.

Petit résumé vite fait : tout commence quand le propriétaire et créateur de la marque DEAN, Dean ZELINSKY, avait un démêlé judiciaire concernant sa propre marque "Dean Corporate" ( pour une sombre affaire de contrat).

Il décida de quitter sa propre entreprise, et fonda en 2008 la marque de guitare "DBZ" (qui ne veut pas dire "Dragon Ball Z", hein? Je vous voir venir...). 

Par la suite, Dean se rapprocha en 2012 de Jeff DIAMONT, boss de la compagnie d'ampli "DIAMOND". Jeff et Dean commencèrent à fabriquer des guitares sous la marque "DBZ/DIAMOND"... Mais trouvant que le résultat n'était pas si fameux que ça, et voulant rester le boss à 100% sans aucun compromis, Dean partit à nouveau de son côté...

Sauf........  que Jeff DIAMANT a gardé légalement tous les droits et les designs des guitares que Dean avait fabriqué pour la marque DBZ/DIAMOND... Et qu'il faut aussi savoir que Zoltan BATHORY a non seulement participé à la conception de son modèle signature, mais aussi au look des guitares "Halcyon", "Bird of prey", et "Venom" de chez DIAMOND.

Actuellement, la marque DBZ/DIAMOND n'existe plus, elle est devenue simplement "DIAMOND" toujours dirigée par Jeff. De son côté, Dean Zelinsky dirige aujourd'hui la marque "Dean Zelinsky Guitars".

Finalement, Zoltan resta chez DIAMOND car il utilisait aussi bien leurs amplis que leurs guitares. D'où le modèle testé aujourd'hui...

Voilà vous connaissez toute l'affaire! Ouf!

La première fois que j'ai vu la guitare, je n'ai pas pu m'empêcher de faire une comparaison avec la DEAN Signature Mickael ANGELO BATIO... Les 2 guitares ont presque exactement la même forme vu de loin. En même temps, elles ont le même créateur aussi, donc...

Côté lutherie, on a donc un corps de type super-strat' en acajou, un manche en érable collé, une touche en ébène (quand même!) et 24 cases jumbo. Un binding blanc/crême parcourt tout le manche ainsi que la tête de la bête.

J'empoigne la guitare, et elle est un peu plus légère que ce que je pensais. J'espère qu'elle n'est pas faite en chutes de bois ramassés en récupération d'usine.

HORS SUJET : Si vous ne connaissez pas le système de récupération, je vous l'explique : c'est un procédé économique pour le fabriquant. On découpe les meilleures parties d'un bois pour faire des guitare haut de gamme, et on récupère les autres bouts pour les assembler et en faire des guitares d'un peu moins bonne qualité...

A froid, impossible de dire si c'est le cas... J'accorde la guitare, et déjà je suis surpris par la quantité de graves, et de voir que la corde de mi grave semble très mal accordée... Normal :  la guitare est accordée d'origine en drop de Si... Et le tirant est du 13 pour la corde aigue. La vache! Pas besoin de guitare baryton du coup...

Pour l'équipement, on a des mécaniques Grover normales, un vibrato de type floyd rose 1000 (grrr, dommage!), et deux micros passifs Seymour Duncan ( aaah bien ça!).

Le micro manche est un "Sentient", et le micro chevalet est un "Pegasus". Ces micros font partie de la dernière vague créée par Seymour Duncan, avec une approche volontairement moderne, des sons beaucoup plus fluides, plus précis et un peu moins chauds que la production habituelle.

Les micros sont pilotés par un bouton de volume, une tonalité, et un sélecteur micros 3 positions que je trouve un peu mal placé lorsqu'on doit vite changer de positions en cours de jeu. Mais comme toutes les guitares signatures, si on aime cette guitare, c'est qu'on adhère à la philosophie de l'artiste. Par contre, pas de split micros. C'est tout ou rien. Exit la polyvalence, ici on est là pour envoyer le charbon!

La tête est en raccord avec la couleur du corps. J'aime beaucoup ca!

A noter que la touche ne dispose d'aucun repère, seulement un logo représentant une flamme tibétaine sur les 3 premières cases (accessoirement c'est aussi l'un des tatouages que porte Zoltan).

Détail sympathique : j'aime beaucoup le look du cache truss-rod qui reprend le logo de la marque.

Petit souci en inspectant la guitare : le binding du manche semble fissuré ou légèrement craquelé... Je n'avais jamais vu ça auparavant sur d'autres guitares. Ce n'est pas énorme, mais en y regardant de plus près, cela se remarque.

Après vérification sur les forums américains, plusieurs personnes ont eu ce même souci. Il semble que la matière employée pour faire le binding de manche ne soit pas de premier choix, et que le contrôle qualité ne soit pas au top à la sortie d'usine... Cette petite craquelure semble venir du moule qui sert à faire des bindings. Jeff DIAMONT admet avoir eu quelques déboires avec certaines séries de productions, indépendants de sa volonté.

Admettons... mais au prix de la guitare, je trouve ça un peu inacceptable... Venant d'une STAGG, je ne trouverai pas ça surprenant, mais pas d'un instrument valant presque un mois de salaire moyen.

Ne nous y trompons pas! Si la marque est américaine et située au Texas, la mention "Made in Korea" est bien inscrite derrière la tête. Personnellement, ca m'est égal qu'une guitare soit construite en Patagonie du sud, en Islande, ou à Tahiti tant que la qualité est présente... Mais là, l'histoire du binding me reste un peu en travers de la gorge.

Bref je continue... Le dos du manche est peint en noir. Il glisse plutôt bien, et n'adhère pas à la main.

Au dos, pas de souci à relever. Je note que le talon où le manche est collé est quand même assez proéminent. Bon, au moins le manche ne s'en ira pas tout seul. Il ne gêne pas spécialement lorsqu'on joue dans les cases aigues, mais il reste quand même présent. C'est marrant, c'était déjà le cas avec les premières BC RICH Assassin que Zoltan utilisait à ses débuts.

Branchée dans un ampli, le son qui sort est tout de suite brillant, précis, et très puissant.

Etonnament, je trouve que le son s'en sort super bien en rythmique, mais pas aussi bon que ça en solo! Comme si le son sortait d'un coup, puis s'arrêtait un peu vite. J'ai déjà entendu la même réflexion sur certaines guitares équipées ainsi, du genre de la SCHECTER signature Keith Merrow... Ne cherchez pas de la chaleur, c'est vraiment très moderne et brillant! Par contre, le niveau de sortie n'est pas exagéré, et n'arrache pas tout au passage. Donc on peut mieux dompter le son. Les 2 micros ont un aimant en Alnico 5, donc le son "respire" mieux qu'avec les aimants en céramique. Si vous cherchez de la modernité, mais que vous avez une approche un peu progressive à la Dream Theater, ces micros pourraient bien vous convenir! De plus, ils supportent sans souci les accordages assez bas et ne bavent pas dans les fréquences graves.

Le Pegasus en aigu réagit très bien à tous les sons clairs, crunchs et saturés. Il détache bien les notes avec des jolis fréquences aigues mais pas trop agressives.

Le Sentient en manche est une découverte : comme une sorte de micro vintage qu'on aurait boosté aux hormones. Les notes claquent mais restent rondes. C'est surprenant et très versatile. Bon, par contre ca reste moderne comme approche hein?

Pas de bonne surprise concernant le vibrato : avec des petits mouvements, ça passe. Mais si vous faites du Steve Vai, le Floyd Rose 1000 va vite montrer ses limites comme ceux que j'ai pu tester auparavant. Je ne le répéterai jamais assez : le top, c'est le Floyd Original. Oui, je sais, il vaut cher, mais il mérite son prix, ne serait-ce qu'à cause de la matière dans lequel il est fabriqué. Et si vous ne vibratez pas, rangez la barre dans votre étui (bah oui, puisque la guitare est livrée d'origine sans étui), bloquez le floyd, et on n'en parle plus...

MENTION "PAS MAL, MAIS PEUT MIEUX FAIRE"

Comme d'habitude, on pourre dire qu'il est difficile de vraiment juger un modèle signature, puisqu'il a été fait pour une personne en particulier...

Au final, ce modèle signature sort des sentiers battus, mais aurait pu être un poil mieux fini. A sensations de jeu égales, je pense qu'il y a un peu mieux sur le marché, et pour un peu moins cher, sachant que la guitare se trouve aux alentours des 850€.

Un accessoire, ça se change (un micro, un vibrato...), mais pas une finition... Je préfère vraiment une guitare bien finie à bricoler plutôt que passer chez le luthier. Pour quelques euros de plus, je pense qu'on peut aussi envisager d'autres guitares dont la finition est moins aléatoire à la sortie d'usine.

Mais son look original saura aussi convaincre, et pas seulement les fans hardcore de "5FDP".

J'ai aimé :

- pour les fans de "Five Fingers Death Punch"

- très confortable

- super look

- vraiment taillée pour le gros son moderne

- la touche en ébène qui donne un bon tranchant au son

- les micros Seymour Duncan de qualité, très bons avec des accordages bas

J'ai regretté :

- le floyd moyennement fiable

- rapport qualité/prix un peu cher à mon goût (même si on paye en partie la signature de l'artiste)

- finition pas toujours au top ( à vérifier avant achat)

- livrée sans étui

- je la trouve meilleure en rythmique qu'en solo